C’est un dossier qui figure à l’agenda de nombreuses collectivités. Comment donner un nouveau visage aux zones commerciales ? Ces espaces qui recouvrent, en France, près de 500 millions de m², soit cinq fois la taille de Paris, sont, de fait, à la croisée de nombreux défis. Leur esthétisme est aujourd’hui largement contesté. Leur taux de vacance commerciale (environ 8,5 %) suscite l’inquiétude. La transition écologique impose par ailleurs de les réaménager.
Enfin, l’objectif français de ne plus artificialiser de sol invite à les considérer sous un nouveau jour : ces zones pourraient constituer, dans le futur, « un réservoir foncier » pour construire logements et bâtiments à usage public ou professionnel.
Ce qui est vrai pour les zones commerciales l’est également pour nombre d’autres territoires, friches industrielles ou espaces laissés à l’abandon. Un grand nombre de collectivités doit donc s’engager dans d’importantes opérations de réhabilitation, pour donner un second souffle à ces zones, et par ricochet, à leur territoire dans son ensemble. Et pour les appuyer dans cette démarche, certaines ont décidé faire appel à une solution innovante, les jumeaux numériques.
Simuler différents scénarios sur un territoire virtuel
En quoi consistent-ils ? Il s’agit de « copies » virtuelles en 3D de territoires existants. Bâtiments, rues, sous-sols… Tout ce qui constitue l’espace ciblé peut y être répliqué à l’identique. Cette représentation est par ailleurs « augmentée » : un grand nombre de données (relatives à l’activité économique, aux ressources disponibles etc) associées de ce jumeau numérique pouvant même être intégrées en temps réel. Il permet ainsi de ne pas avoir une vision statique de la zone concernée, mais bien de l’observer « telle qu’elle fonctionne ».
Les décideurs vont pouvoir simuler différents scénarios et comprendre l’impact de tel ou tel paramètre sur l’espace urbain.
De quoi offrir un terrain d’expérimentation précieux pour les acteurs de la ville. Ceux-ci vont en effet pouvoir simuler différents scénarios et comprendre très concrètement l’impact de tel ou tel paramètre (risques industriels, climat, trafic…) sur l’espace urbain et son fonctionnement. Cette représentation virtuelle constitue donc un outil d’aide à la décision important pour la planification urbaine.
Autre atout : cette maquette dynamique représente un vecteur de communication qui va favoriser les échanges au cœur de la cité, notamment avec les habitants. Ces derniers auront à leur disposition une représentation concrète des dossiers évoqués, ce qui permettra d’encourager les initiatives de démocratie participative.
À Mulhouse, une solution pour reconquérir une friche industrielle
Différents territoires pionniers ont décidé de s’engager dans cette démarche pour accompagner le réaménagement de certains espaces. Parmi eux, l’agglomération de Pau-Béarn-Pyrénées s’est dotée d’un jumeau numérique. Des initiatives de rénovation urbaine ont pu en bénéficier, ce double virtuel permettant, grâce à la vision précise qu’il offre, une planification plus précise de certains aménagements, réduisant ainsi les coûts liés à ces projets.
Ce double virtuel permet une planification plus précise des aménagements et une réduction des coûts.
La Ville de Mulhouse s’intéresse également aux promesses portées par ces jumeaux numériques dans le cadre d’un projet d’aménagement d’ampleur. Il vise à reconquérir une friche industrielle, avec la volonté de faire émerger un nouveau quartier nommé DMC, du nom de l’entreprise textile Dollfus-Mieg et Compagnie étroitement liée à ce territoire. Un « espace de vie conciliant la transition énergétique et la sobriété foncière », richement végétalisé et doté de nombreux équipements.
Développée avec le concours d’EDF, la copie virtuelle de cette zone permettra de « modéliser les services, les synergies et les usages attendus, et concevoir la ville du futur ». Cette représentation dynamique donnera la possibilité aux acteurs de l’aménagement de simuler un quartier en action, et de mieux évaluer l’impact de la réhabilitation (efficacité énergétique des bâtiments…).
Un outil qui devra également « répondre au besoin de lien, de partage exprimé par des acteurs publics, privés, des associations, des habitants actuels ou futurs du quartier et de son voisinage, via la création d’une plateforme collaborative numérique », explique la Ville. En cela, il sera « un instrument support de concertation citoyenne ».