La transformation numérique du système de santé s’inscrit dans une stratégie nationale ambitieuse, portée par l’ANS et exposée dans la feuille de route du numérique en santé 2023-2027. Cette stratégie de e-santé poursuit plusieurs objectifs :
- Développer la prévention et rendre chacun acteur de sa santé.
- Redonner du temps aux professionnels de santé et améliorer la prise en charge des personnes grâce au numérique.
- Améliorer l’accès à la santé pour les personnes et les professionnels qui les orientent.
- Déployer un cadre propice pour le développement des usages et de l’innovation numérique en santé.
En parallèle de ces politiques publiques, on assiste à une profusion d’initiatives privées autour du numérique en santé : de la plateforme Doctolib pour la prise de rendez-vous aux dispositifs de santé connectés, en passant par les nombreux services de consultation en ligne.
L’étude menée par la DNS dresse un panorama sur ces nouveaux usages et les préoccupations des Français en matière de numérique en santé.
Une utilisation croissante des services numériques relatifs à la santé
“Les Français utilisent massivement et de plus en plus de services numériques relatifs à la santé”. L’étude étaie ce constat par un chiffre éloquent : 90 % des Français ont déjà eu recours à au moins un outil ou service numérique en santé. En 2023, ils étaient 78 % à avoir pris un rendez-vous en ligne (contre 70 % en 2020). Les autres usages portent sur la récupération de documents d’analyse ou de diagnostic, les services en ligne de l’Assurance Maladie ou de la mutuelle, ou encore la téléconsultation.
Les Français utilisent massivement et de plus en plus de services numériques relatifs à la santé.
De manière générale, une grande majorité des Français considère que le développement du numérique en santé aura un effet positif sur la coordination des différents praticiens (74 %) et sur la fluidité des démarches administratives (72 %).
Toutefois, ils expriment des inquiétudes sur les risques de déshumanisation des soins et l’égalité d’accès de tous à ces services, notamment pour les personnes moins à l’aise avec le numérique, mais aussi sur la sécurité de leurs données.
Des inquiétudes sur la protection des données de santé
La protection des données personnelles est un enjeu déterminant pour favoriser l’adoption des services numériques de santé. En effet, 86 % des Français considèrent que leurs données personnelles de santé sont des informations sensibles et 78 % d’entre eux craignent des usages commerciaux de leurs données de santé et des actions malveillantes.
Une crainte compréhensible compte tenu des exemples récents de violations de données de santé, comme celle qui affecté par exemple les opérateurs Viamedis et Almerys (gestion du tiers payant pour de nombreuses complémentaires santé et mutuelles).
Dans ce contexte, la souveraineté des infrastructures numériques apparaît comme un enjeu de premier plan pour répondre à ce besoin de transparence et de sécurité.
Mon espace santé : un service connu mais peu utilisé
L’étude menée par la DNS révèle également que 82 % des Français déclarent connaître Mon espace santé. Toutefois, ils ne sont que 50 % à l’avoir utilisé.
Lancé en janvier 2022, Mon espace santé remplace le Dossier Médical Partagé (DMP) en y apportant des fonctionnalités supplémentaires visant à simplifier la vie des Français au quotidien. En effet, ce nouveau service public numérique permet aux usagers de stocker leurs informations médicales et de les partager avec les professionnels de santé.
Ces derniers peuvent utiliser le service pour envoyer des ordonnances, des résultats de biologie, des comptes-rendus d’imagerie ou des lettres de liaison. En cours de déploiement, la messagerie sécurisée permettra aux usagers d’envoyer les ordonnances aux pharmaciens en toute confidentialité. À terme, cette messagerie sécurisée pourra même s’interfacer avec des services tiers via une API, pour enrichir les échanges entre soignants et patients.
D’autres fonctionnalités verront également le jour dans Mon espace santé :
- Suivi de la santé de l’enfant : intégration des rappels d’examens obligatoires, des comptes rendus et certificats de santé
- Articulation entre les différents portails publics (notamment Santé.fr et le compte Ameli)
- Possibilité de récupérer toutes les données de santé collectées par les services numériques référencés au catalogue.
- Possibilité de partager un accès temporaire avec un professionnel de santé (gestion des préférences d’accès)
Point étonnant : parmi ceux qui déclarent avoir déjà utilisé le service, seuls 35 % déclarent avoir activé leur profil. Les causes de ce manque d’intérêt des Français pour Mon Espace Santé sont diverses : l’étude révèle que les “utilisateurs non activateurs” n’ont pas activé leur compte parce qu’ils n’en voyaient pas l’utilité (29 %), parce qu’ils n’en n’avaient pas le temps (26 %) ou parce qu’ils n’avaient pas à disposition toutes les informations nécessaires (24 %).
Les Français réagissent positivement à la promesse de réappropriation des données de santé de Mon Espace Santé.
Ce manque d’intérêt pour Mon espace santé est d’autant plus regrettable que l’étude révèle que “les Français réagissent positivement à la promesse de réappropriation des données de santé de Mon Espace Santé”. En effet, ils sont 93 % à estimer être en droit de disposer de tous les documents les concernant et de décider qui peut y avoir accès, et 75 % d’entre eux estiment pouvoir faire confiance à Mon Espace Santé concernant la sécurité de leurs données.
En conclusion, l’adoption par les Français de Mon espace santé nécessite encore du temps, et probablement une meilleure communication de la part des professionnels de santé, sachant que 57 % des non-utilisateurs seraient prêts à utiliser ce service sur recommandation d’un médecin.