Diffuser sans entrave les résultats, les méthodes et les produits de la recherche française. Tel est le projet porté par les pouvoirs publics à travers le concept de science ouverte. Il est assorti d’un objectif ambitieux : proposer 100 % des publications en libre accès en 2030.
« Une démocratisation de l’accès aux savoirs »
Portée par la mutation numérique, une telle démarche poursuit plusieurs objectifs. Il s’agit tout d’abord de renforcer l’efficacité de la recherche elle-même. Les scientifiques auront à leur disposition une somme de plus en plus importante de publications, de codes sources ou de méthodes. De quoi favoriser les avancées des programmes en cours et la « multiplication des découvertes »., comme le résume le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
Dans le même temps, la science ouverte « induit une démocratisation de l’accès aux savoirs, utile à l’enseignement, à la formation, à l’économie, aux politiques publiques, aux citoyens et à la société dans son ensemble », poursuit le ministère. Enfin, elle est un levier précieux pour favoriser la confiance des Français dans la science – cette transparence renforçant dans le même temps l’intégrité scientifique.
Un plan à 15 million d’euros
Comment impulser une telle dynamique dans le quotidien des chercheurs ?
La France a déployé depuis 2018 deux plans nationaux pour y parvenir. Le premier a permis de réaliser des progrès notables : le taux de publications scientifiques françaises en accès ouvert est passé de 41 % en 2017 à 56 % en 2019.
Le second plan, qui court entre 2021 et 2024, ambitionne de généraliser les pratiques de science ouverte dans notre pays. Il est doté, pour ce faire, d’un budget de 15 millions d’euros par an. Ce plan se décline en quatre axes.
Le taux de publications scientifiques françaises en accès ouvert
est passé de 41 % en 2017 à 56 % en 2019.
Favoriser le rayonnement des publications à l’international
Premier objectif : généraliser l’accès ouvert aux publications.
Plusieurs actions sont menées pour y parvenir. Il est notamment prévu de généraliser l’obligation de publication en accès ouvert des articles et livres issus de recherches financées par appel à projets sur fonds publics.
Le développement de l’archive ouverte nationale HAL sera par ailleurs poursuivi, avec une simplification de la procédure de dépôt pour les chercheurs qui publient sur d’autres plateformes en accès ouvert dans le monde.
Les pouvoirs publics souhaitent également « soutenir les modèles économiques d’édition en accès ouvert sans frais de publication pour les auteurs ».
Enfin, le plan encourage le développement des outils de traduction semi-automatique afin de favoriser le rayonnement des publications.
Recherche Data Gouv : le nouvel entrepôt des données de recherche
Deuxième axe porté par l’Etat : « structurer, partager et ouvrir les données de la recherche ». Là encore, leur diffusion doit devenir obligatoire lorsqu’elles proviennent de recherches financées sur fonds publics.
Une plateforme nationale fédérée des données de la recherche, Recherche Data Gouv, est créée afin de faciliter leur dépôt et leur signalement. En parallèle, une politique de données est édifiée pour favoriser l’accessibilité et l’interopérabilité desdites données. Un accompagnement est par ailleurs proposé aux scientifiques sur cette question du partage des données.
La plateforme Recherche Data Gouv vise à faciliter le dépôt et le signalement des données de recherche.
Diffuser les codes sources sous licence libre
Les pouvoirs publics ont étendu les démarches de science ouverte aux codes sources à l’occasion de ce second plan national – il s’agit de son troisième axe stratégique.
La diffusion sous licence libre des codes sources issus de recherches financées sur fonds publics est soutenue. La contribution à la recherche de ces mêmes codes sources doit par ailleurs être davantage valorisée. Une politique en matière de logiciels libres est également définie, notamment à travers la création d’une Charte nationale des logiciels libres.
Une science ouverte par défaut
Enfin, le plan national impulse des mesures au long cours pour « transformer les pratiques » et faire de la science ouverte « le principe par défaut ».
Des actions sont menés pour développer les « compétences de la science ouverte tout au long du parcours des étudiants et des personnels de recherche » – notamment en encourageant le développement d’unité d’enseignement dédiées.
Cela passe aussi par la valorisation de la science ouverte au sein de la communauté scientifique avec, notamment, sa prise en compte dans l’évaluation des chercheurs, des projets et des établissements de recherche.