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Tiers-lieux : le bon coup à jouer pour les collectivités

L'essor du travail hybride conduit de nombreux professionnels à s'éloigner davantage du bureau de leur entreprise. Mais tout le monde n’est pas adepte du télétravail à domicile. Les collectivités locales peuvent-elles séduire avec des tiers-lieux adaptés à leurs besoins ?

En France, en 2018, on en comptait environ 1 800. En 2021, plus de 2 500. Enfin, d’ici la fin de l’année, ils devraient être 3 500.

« Ils », ce sont les tiers-lieux. Soutenus par les Régions et l’État, grâce notamment aux fonds du plan de Relance, ces espaces bénéficient d’une belle dynamique.

Mais au-delà de la croissance affichée, beaucoup de gens ignorent encore ce que recouvre ce terme.

Tiers-lieux : mais qu’est-ce que c’est ?

Le terme « tiers-lieux » est originaire des États-Unis, et est une traduction de « third place », dont la première définition vient des années 80 et du sociologue Ray Oldenburg. Ils sont situés hors du domicile, qui représente le “first place », et de l’entreprise, qui est le “second place”.

Ils sont situés hors du domicile, le “first place”, et de l’entreprise, le “second place”.

 

Un tiers-lieu peut être défini comme un espace physique, ouvert, où des professionnels peuvent se réunir pour travailler, se former ou encore échanger. Mais pas seulement. Car les tiers-lieux accueillent souvent des citoyens et des associations. Ce sont donc des lieux d’hybridation, de collaboration, d’innovation, de création, d’expérimentation et de transmission.

Raphaël Besson, Directeur du bureau d’étude Villes Innovations et Chercheur associé à PACTE-CNRS (Université de Grenoble) distingue les tiers-lieux selon leur fonction :

  • Les tiers-lieux d’activités

Encouragent l’échange, la collaboration, l’élaboration de projets communs, la mutualisation de ressources (locaux, machines, outils, compétences, réseaux…) et le partage de valeurs.

Ces espaces de travail partagés, dits « coworking », accueillent les télétravailleurs de différentes sociétés et des travailleurs indépendants.

Ils partagent des outils grâce à la mutualisation des ressources (cuisine, imprimante, connexion internet, etc.)

  • Les tiers-lieux d’innovation territoriale

Cherchent à stimuler les process d’innovation en faisant interagir chercheurs, acteurs économiques et usagers en s’appuyant sur le partage, l’expérimentation et le prototypage.

Ils mettent à disposition des outils, notamment des machines-outils pilotées par ordinateur pour la conception et la réalisation d’objets (imprimantes 3D, découpe laser…).

Il s’agit des « Fab labs » et des « living labs », ou encore des « Hackerspace ».

  • Les tiers-lieux de service public

Assurent un service de proximité pour faciliter les démarches administratives, via du conseil et de la connectivité numérique.

  • Les tiers-lieux sociaux

Créés autour d’enjeux sociétaux, et structurés autour des acteurs de l’économie collaborative, de l’économie numérique et de l’ESS (Économie sociale et solidaire).

3 500 tiers-lieux en France

Selon le site France Tiers-Lieux, 55 % des 3 500 Tiers-lieux en France sont des espaces de coworking, et 28 % sont des Fablabs ou des Hackerspace.

Côté organisationnel et institutionnel, les représentants des tiers-lieux se structurent, par exemple au sein du Conseil National des Tiers-lieux, afin de dialoguer avec les pouvoirs publics.

Les tiers-lieux génèrent aujourd’hui 882 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel et peuvent donc constituer une opportunité commerciale pour les gestionnaires. Mais ils peuvent également porter une ambition de développement territorial.

500 000 foyers à accueillir

En proposant aux professionnels des lieux adaptés à leur activité et un environnement de travail confortable, les collectivités peuvent attirer toute une nouvelle catégorie de travailleurs, qui cherchent à s’éloigner des grands centres urbains pour gagner en qualité de vie, mais ne peuvent ou ne veulent pas nécessairement travailler de chez eux, à cause d’un manque d’espace par exemple, d’une connectivité insuffisante ou tout simplement pour éviter de s’isoler.

Depuis la crise sanitaire, 20 % des télétravailleurs franciliens ont déménagé.

 

Depuis de début de la crise sanitaire en 2020, 20 % des télétravailleurs franciliens ont déménagé, et parmi eux, 16 % ont quitté l’Île-de-France. Désormais, ce sont près de 40 % des télétravailleurs franciliens qui envisagent de déménager dans les cinq ans, soit potentiellement 500 000 foyers à accueillir.

Des classements fleurissent sur internet des villes où il fait bon télétravailler. Les tiers-lieux sont de puissants atouts pour aider les collectivités locales à se positionner dans la course aux télétravailleurs.

L’ETAP, l’Espace de Travail des Agents Publics

Malgré cet exode rural, la Région Île-de-France n’est pas en reste et joue elle aussi son jeu. En octobre 2021, l’ETAP (Espace de Travail des Agents Publics), premier tiers-lieu gratuit à destination des agents publics franciliens, a ouvert ses portes dans le 9e arrondissement de Paris.

Financièrement soutenu par la Direction générale de l’Administration et de la Fonction publique (DGAFP) et la Direction interministérielle du Numérique (DINUM), l’ETAP a pour vocation à accueillir les agents en télétravail, « qui souhaitent bénéficier d’un lieu parfaitement équipé et retrouver un collectif de travail stimulant et rompre avec l’isolement, les agents nomades, « qui souhaitent éviter des heures de transport à rallonge avant, après ou entre deux réunions », ainsi que les équipes projets, « à la recherche d’un espace neutre facilitant le travail collaboratif et créatif ».

À noter également pour les agents du service public en télétravail, l’indemnité forfaitaire des frais liés à l’exercice du télétravail (2,5 € par jour de télétravail, dans la limite de 220 € par an) peut être versée aux agents en télétravail dans des tiers-lieux.

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