Personne n’imaginait que l’enseignement à distance pourrait être l’unique méthode pédagogique durant de longues semaines. C’est pourtant bien ce qu’on dû mettre en place les établissements durant 18 mois de crise sanitaire et des semaines de confinement.
En 2018 déjà, ces mêmes établissement avait du affronter un important mouvement de contestation qui avait déboucher sur d’importants blocages des locaux.
Ces deux événements ont obligé les universités à mettre en place de nouvelles leurs méthodes d’enseignement et de formation. L’enseignement à distance est aujourd’hui devenu un pilier de l’éducation moderne. Mais ils ont également ouvert de nouvelles perspectives en matière d’examens à distance, et donc sans présence physique d’un surveillant.
Des examens à distance, pour quoi faire ?
L’organisation d’examens télésurveillés présente plusieurs avantages. D’abord, l’accessibilité est renforcée. Les étudiants éloignés des centres d’examens peuvent facilement y participer, éliminant ainsi les obstacles géographiques à l’éducation.
Ensuite, la flexibilité temporelle s’accroît. Pour les examens qui n’impliquent pas une présence simultanée de l’ensemble des candidats, ces derniers peuvent choisir l’horaire qui leur conviendra le plus pour passer le test.
Les examens à distance réduisent également l’empreinte écologique due aux déplacements. Ils s’inscrivent par conséquent dans une dimension durable et responsable de l’enseignement.
Évidemment, cette méthode peut également être une réponse plus pragmatique à l’inaccessibilité du lieu d’examen, comme on a pu le voir pendant la crise sanitaire ou certaines périodes de blocage.
Télé-examen, télé-triche ?
Toutefois, si l’enseignement à distance est désormais une réalité, la question des examens à distance reste complexe. Comment s’assurer que les étudiants passent leurs examens de manière équitable et honnête lorsqu’ils sont physiquement éloignés des centres d’examen traditionnels ? C’est là que la technologie de surveillance à distance entre en jeu.
70 % des étudiants auraient déjà triché au moins une fois pendant leur scolarité ! Les fraudes les plus courantes sont l’utilisation de notes ou de copies de camarades, la consultation de documents interdits et la communication avec d’autres personnes pendant l’examen.
Quand la vigilance de surveillants présents à quelques centimètres des apprenants peut être déjouée, comment imaginer qu’un arsenal technologique constitué de caméras et de capteurs en tous genre, entrave l’inventivité des fraudeurs ? En 2020, parmi les quelques 38 000 étudiants de l’Université de Nantes à avoir effectué en distanciel leurs examens de fin semestre, un peu plus de 250 élèves (soit 0,65% seulement) auraient triché. Une proportion relativement faible donc, mais qui contribue à semer le doute !
La surveillance à distance repose aujourd’hui sur des webcams, des microphones, des logiciels de suivi des mouvements oculaires et même des logiciels de détection de la fraude pour surveiller les étudiants pendant leurs examens en ligne. Ces outils permettent aux enseignants et aux établissements d’enseignement de surveiller en temps réel les candidats et de détecter toute activité suspecte.
Proctoring automatisée : mode d’emploi
L’une des technologies les plus couramment utilisées pour les examens télésurveillés est le proctoring automatisée. Celle-ci combine différents leviers qui sont actionnés simultanément pour détecter les comportements frauduleux. Les candidats sont surveillés via leur webcam pendant toute la durée de l’examen. Un logiciel analyse en temps réel les mouvements, les expressions faciales et les comportements suspects.
Les algorithmes de proctoring automatisée sont également en mesure de comparer les réponses des candidats aux données disponibles en ligne pour détecter tout signe de plagiat. Cette technologie détecte aussi les regards hors écran ou les mouvements frénétiques de la souris, qui pourraient indiquer une fraude potentielle, ou monitorer l’activité de l’ordinateur de l’étudiant pour détecter l’utilisation de programmes ou de sites Web non autorisés pendant l’examen.
De plus, la surveillance audio permet de détecter des sons suspects, comme la présence de quelqu’un dans la pièce de l’étudiant.
Surveillance VS RGPD
Malgré ses avantages, la télésurveillance des examens soulève des interrogations, notamment sur le plan éthique. Comment l’exploitation de caméra ou de webcams, pilotées par des machines peut-elle être compatible avec la préservation de la vie privée des étudiants ? La collecte de données biométriques, telles que les empreintes vocales et les mouvements oculaires, soulève des préoccupations légitimes en matière de vie privée.
À l’occasion de cette rentrée 2023, la CNIL a publié une liste de recommandations, fondées en grande partie sur le rappel des principes fondateurs du RGPD. Ces préconisations soulignent l’importance de garantir la protection des données des candidats et encouragent l’utilisation de modalités d’examen permettant la validation à distance des compétences sans recourir à une télésurveillance intrusive.
La CNIL précise par ailleurs que les étudiants doivent être informés dès que possible des conditions de mise en œuvre de la télésurveillance pour qu’ils puissent choisir en toute connaissance de cause ce mode d’examen. Enfin, l’utilisation de systèmes d’analyse automatique doit être limitée à l’environnement des candidats et justifiée par des circonstances particulières.
Analyser le comportement des étudiants
Malgré la sophistication des moyens de lutte, il existe toujours un risque de contournement de la surveillance à distance. Les étudiants peuvent utiliser des dispositifs ou des méthodes sophistiquées pour tromper les systèmes de contrôle, ce qui nécessite une vigilance constante de la part des établissements d’enseignement.
Un autre aspect ne doit pas être négligé : cette surveillance virtualisée, pourtant bien réelle, peut générer du stress pour les étudiants ! Mais que ces derniers se rassurent : la technologie de surveillance à distance permet de collecter des données sur le comportement des étudiants pendant les examens. De quoi aider les enseignants à mieux comprendre les besoins individuels des étudiants et à adapter les futures pratiques en conséquence !