C’est « un marché en plein essor », selon InfraNum, la fédération d’entreprises spécialisées dans les infrastructures numériques. Le « smart territorial », qui met l’innovation technologique au service du développement de territoires durables, concerne aujourd’hui un nombre croissant de collectivités, « rurales comme urbaines, petites communes comme métropoles ». Un développement qui est l’objet d’une étude d’InfraNum, baptisée Observatoire des territoires connectés et durables, et rendue public en février 2024.
Réalisée en partenariat avec la FNCCR (Fédération nationale des collectivités concédantes et régies) et la Banque des territoires, cette enquête décrit des collectivités « engagées dans la mise en œuvre d’un projet de territoire connecté et durable », qui doit leur permettre, grâce à des solutions numériques (objets connectés par exemple), de répondre aux enjeux de la transition écologique. Une dynamique qui s’inscrit plus largement dans la transformation digitale de ces mêmes collectivités – 80 % des répondants ont engagé la numérisation de leurs services.
Quand la préservation de la ressource se double d’intérêts économiques et humains
Quelles sont les actions majoritairement engagées par les collectivités ? L’Observatoire distingue plusieurs chantiers prioritaires. Elles se concentrent en premier lieu sur l’énergie des bâtiments (50 % des répondants), l’éclairage public (50 %), l’eau (45 %) et les déchets (33 %). L’enquête montre dans le même temps que « de nouveaux chantiers émergent, notamment la gestion des risques environnementaux (15 % des projets) ».
InfraNum s’est penchée, plus en détails, sur les initiatives menées concrètement, sur le terrain, par les collectivités interrogées. Concernant la gestion de l’eau, les outils numériques déployés permettent d’analyser les consommations, de repérer des débits inhabituels et de donner l’alerte en cas de fuites. L’impact environnemental – la préservation de la ressource – se double d’intérêts économiques (moins de perte d’eau) et humains (gain de temps pour les agents).
Les outils numériques permettent de repérer les débits inhabituels sur le réseau d’eau et de donner l’alerte en cas de fuites.
Des solutions pour « répondre à la crise énergétique »
Départements, communautés d’agglomération et autres métropoles s’engagent également pour une meilleure gestion énergétique des bâtiments publics. La moitié des collectivités interrogées ont déployé des solutions, en particulier grâce à des objets connectés. Ils contribuent à « répondre à la crise énergétique » (analyse des usages pour adapter les consommations ou détecter des anomalies, priorisation des rénovations thermiques à engager…). Ces outils permettent par ailleurs de « se conformer au cadre juridique (décret tertiaire, décret Bacs…) ». Ils « amène[nt] aussi les usagers à prendre conscience de leurs consommations » en leur adressant des informations personnalisées via une application. Autant de démarches garantissent une diminution importante de la facture énergique.
À Rennes Métropole, par exemple, 450 capteurs ont été installés pour assurer le suivi des bâtiments publics communaux et métropolitains. « Une réduction de 33 % de la facture de gaz sur 6 mois a été réalisée » pour certains bâtiments.
Des initiatives sont également menées pour optimiser l’usage de l’éclairage public. Des solutions numériques (pilotage à distance) permettent tout à la fois de réduire les consommations mais aussi de respecter le cadre juridique sur les nuisances lumineuses. En Bretagne, le syndicat Morbihan Energies a ainsi déployé 500 horloges connectées pour que les collectivités engagent une politique de pilotage de l’éclairage public.
En 6 mois, Rennes Métropole a réduit de 33 % la facture de gaz de certains bâtiments grâce à l’installation de 450 capteurs.
Autre exemple de « smart territoire », dans l’Hérault : Montpellier Méditerranée Métropole a concentré ses efforts sur la gestion des risques. La collectivité a déployé des capteurs, des stations hydrométéorologiques, dans le but d’« observer l’évolution des rivières » et d’ « avoir des données régulières en temps réel. » De quoi permettre d’élaborer « des scénarios prédictifs fiables », tout particulièrement lors de la période des orages cévenols où d’importantes crues peuvent survenir.
Une tendance à la mutualisation des infrastructures
L’étude d’InfraNum démontre ainsi le dynamisme des collectivités, qui mettent en place des solutions numériques favorisant la transition écologique. Elle met dans le même temps en lumière « une vraie tendance à la mutualisation des infrastructures et des services » et à « la collaboration entre acteurs ». Un atout supplémentaire pour construire des territoires connectés et durables.
L’Observatoire pointe aussi un levier de progression : « les collectivités, hormis quelques précurseurs, n’ont pas encore mis en place de plateforme transverse ». Les solutions qui permettent d’analyser et d’observer les différents types de données disponibles pour un même espace géographique sont encore peu présentes. Mais leur intégration est « en cours », assure l’InfraNum, avec notamment l’adoption progressive d’hyperviseurs et de jumeaux numériques.
Des dispositifs innovants qui apporteront, à terme, de précieux services aux collectivités en termes de prise de décision, d’optimisation et de modélisation du territoire.