Un de plus ! Si chaque métier aime avoir son jargon, force est de constater que le monde de l’IT est spécialiste de la discipline. De nouveaux termes, acronymes et concepts apparaissent continuellement au gré des innovations technologiques… ou les devancent parfois !
Arrêtons-nous aujourd’hui sur un buzzword qu’ont dû croiser tous les adeptes de la haute performance : le zettascale.
C’est quoi ?
Le zettascale, c’est tout simplement la prochaine étape, la suite logique de l’évolution de la puissance de calcul. Si l’on se réfère au dernier classement du TOP500, qui recense les supercalculateurs les plus puissants au monde, un seul a aujourd’hui passé la barre de l’exaflop, c’est-à-dire un trillion (10 puissance 18) d’opérations en virgule flottante par seconde (flops). On parle donc de système exascale. Le zettascale désigne les futures générations d’infrastructures de calcul, qui seront capables de délivrer un zettaflop de puissance, soit un trilliard (10 puissance 21) d’opérations en virgule flottante par seconde.
À quoi ça sert ?
Cette puissance de calcul peut avoir des applications très concrètes pour les acteurs du secteur public. Dans la santé par exemple, elle peut servir à accélérer le processus de séquençage génomique, qui réclame une très grande puissance de traitement, et aide les chercheurs à établir des corrélations entre notre ADN et les maladies pour mieux prévenir et soigner les patients.
Autre exemple, dans le domaine de l’énergie, les supercalculateurs zettascale pourrait contribuer à mettre au point le premier supraconducteur à température et pression ambiantes. Les supraconducteurs sont des matériaux n’opposant aucune résistance à l’électricité et permettant donc de transporter cette énergie avec une efficacité maximale, ce qui pourrait aider à nous éloigner des énergies fossiles.
Mais la supraconductivité n’était possible qu’à très basse température (autour de – 230° C). De récentes recherches ont permis de se rapprocher de la température ambiante, mais sans toutefois y parvenir. Le zettascale autoriserait des simulations de plus grande envergure qui permettraient de faire le tri plus rapidement entre les dizaines de milliers de matériaux voués à l’échec et ceux avec de plus fortes chances de succès.
Si le rythme de croissance des performances se maintient, le zettascale pourrait être une réalité dans les 10 prochaines années.
Pourquoi on en parle ?
Pour être le premier évidemment ! Parler de zettascale n’est pas un gros risque : nous y arriverons un jour ou l’autre. Les acteurs du calcul intensif cherchent donc assez logiquement à se positionner le plus tôt possible. Et pour cela, faute de nouveaux produits à annoncer, ils affichent dès maintenant leurs feuilles de route.
Intel indiquait par exemple lors de l’ISC 2022 (International Supercomputing Conference) viser le zettascale pour 2027. Plus récemment, Lisa Su, CEO d’AMD, expliquait à l’occasion de l’ISSCC 2023 (International Solid-State Circuits Conference), que si le rythme de croissance des performances se maintenait, le zettascale serait atteint dans les 10 prochaines années.
L’autre raison est évidemment que ces développements prennent du temps et réclament des investissements colossaux. Même s’il va falloir attendre des années avant d’y parvenir, les travaux de R&D sont eux bien d’actualité et les potentiels utilisateurs de ces futures technologies, souvent des scientifiques et des chercheurs, observent avec attention ces avancées qui auront un impact considérable sur leurs propres travaux.
Good Buzz ou Bad Buzz ?
Alors, le zettascale, un buzzword pour briller lors de vos prochaines conversations entre IT pros ? Ou au contraire, un buzzword piège qui risque de nuire à votre crédibilité ?
Le zettascale sera une réalité, c’est une certitude. Mais ce n’est clairement pas pour demain tant les défis à relever pour y parvenir sont nombreux. Quitte à prendre un peu d’avance, pourquoi ne pas parler de yottascale ?
Et en (calcul) parallèle, l’informatique quantique affute ses armes ! Elle aussi au stade de R&D, elle apportera une réponse nouvelle et différente aux besoins croissants de performances. Difficile donc aujourd’hui de prédire à quoi ressemblera le HPC de 2030 !
Et au-delà du buzzword ?
Au-delà de la pure performance, une telle puissance de calcul pose également d’importantes questions quant à la consommation énergétique de ces futurs systèmes. Les enjeux environnementaux joueront un rôle important dans la course au zettaflop.