Bannir, ou s’adapter ? L’irruption de ChatGPT, figure de proue de l’IA générative et des LLM, dans le monde de l’éducation, provoque des avis et des initiatives totalement divergentes.
En janvier dernier, Sciences Po Paris interdisait “sans mention explicite” l’utilisation de l’outil ChatGPT dans l’école, et ce afin de « garantir la qualité et l’intégrité de ses formations et de ses diplômes ». La peur de la triche de la part des étudiants semble donc prendre le pas sur le désir d’innover.
Mais tous les établissements d’enseignement n’agissent pas de la même manière. Loin s’en faut. Fin mai 2023, l’Université des Sciences et de Technologie de Hong Kong (HKUST) annonçait un programme doté d’un fonds de 10 millions de dollars HK (un peu plus de un million d’euros), pour soutenir les initiatives et les programmes de ses enseignants liés à l’IA générative.
« Les étudiants l’utilisent déjà, la question est donc de savoir comment nous pouvons l’exploiter pour l’apprentissage », assume avec pragmatisme un porte-parole de l’université.
Et là aussi c’est ChatGPT qui est à l’honneur, même si cela est loin d’être simple. Car l’outil d’OpenAI est tout simplement inaccessible depuis Hong Kong sans connexion VPN. Outrepasser la grande muraille numérique chinoise est donc un prix que l’université entend bien payer, en dépit des risques politiques.
Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Voici, à titre d’exemple, deux cas d’usage qui peuvent à tout le moins être testés pour mieux comprendre ce que peut faire l’IA générative dans le domaine de l’éducation.
Proposer un tutorat virtuel aux étudiants
Les systèmes d’IA générative peuvent servir de tuteurs virtuels, en fournissant un soutien personnalisé aux étudiants.
Concrètement, sous la forme de chatbot, formé avec des données spécifiques, une IA peut aider un étudiant à apprendre ou à réviser des cours, grâce à un programme de questions / réponses par exemple.
Car la capacité conversationnelle d’une IA permet de répondre aux questions, d’expliquer des concepts, ou encore de fournir des exemples. Bref, de proposer une assistance de la même manière que le ferait un enseignant. Mais 24/7.
Leçons, exercices, devoirs, quiz, tests ; autant de matériel qui peut être généré rapidement.
Générer automatiquement du contenu pour les enseignants
Le travail de préparation des cours est clairement la partie cachée de l’iceberg du métier. Cette partie du travail est conséquente et déterminante pour assurer correctement les séances d’enseignement.
La capacité de création des IA génératives peut donc être utilisée par les enseignants pour faciliter et optimiser ce temps de préparation, via la génération automatique de contenu éducatif.
Leçons, exercices, devoirs, quiz, tests ; autant de matériel qui peut être créé rapidement à partir des ressources pédagogiques mises à disposition des enseignants.
Des défis à ne pas négliger
Reste que ces cas d’usage n’iront probablement pas plus loin que la phase de test à l’heure actuelle. Car les défis posés par la mise en pratique concrète de l’IA générative dans le monde de l’éducation sont encore nombreux.
● La fiabilité des réponses générées reste à ce jour un problème. Les “hallucinations” de l’IA, c’est-à-dire sa “capacité” à totalement dérailler dans la génération de réponses, est toujours un problème.
● La confidentialité des données des étudiants et des enseignants doit être encadrée et supervisée. Pour ce faire, il faut d’abord se prémunir du “shadow AI”, c’est-à-dire de l’utilisation d’outils tiers sans contrôle des données fournies.
● Enfin, il faut garder à l’esprit que l’utilisation de l’IA ne remplacera jamais une interaction authentique entre les enseignants et les apprenants. C’est un outil complémentaire qui, bien encadré, peut venir enrichir les méthodologies et donner naissance à une nouvelle génération d’étudiants et enseignants “augmentés”.