Le secteur public est confronté à deux impératifs majeurs : la durabilité et la numérisation. Les administrations doivent contribuer à freiner le dérèglement climatique, alors qu’en parallèle, l’utilisation des nouvelles technologies pour améliorer le service rendu aux citoyens entraîne une demande exponentielle de puissance de calcul.
La technologie joue un rôle paradoxal dans l’agenda de la durabilité. L’IT est indiscutablement un contributeur significatif aux émissions de carbone et aux déchets électroniques dans le monde. Cependant, la technologie peut également faire partie de la solution.
8 responsables informatiques sur 10 estiment que la technologie joue un rôle essentiel ou important pour devenir des entreprises durables.
Le succès des stratégies de numérisation et de durabilité est en réalité étroitement lié. Plus de 8 responsables informatiques sur 10 estiment que la technologie joue un rôle essentiel ou important dans les stratégies de leurs organisations pour devenir des entreprises durables. Tout dépendra de la manière dont les administrations répondront à cette demande croissante de performances informatiques.
L’exemple de l’intelligence artificielle est particulièrement pertinent. À grande échelle, l’exécution des algorithmes d’IA consomme énormément d’énergie. Mais l’IA peut aussi permettre aux acteurs publics de progresser !
Mesurer, améliorer et recommencer
Comme le dit l’adage : « ce qui se mesure se gère ». Plus de trois-quarts des dirigeants informatiques supérieurs (77 %) estiment qu’évaluer les performances en matière de durabilité de la fonction informatique, du matériel et des logiciels de leur organisation est essentiel pour réduire leurs émissions. Mais l’exercice est complexe tant les paramètres à prendre en compte et les sources de données sont divers et nombreux sur les différents scopes.
Les algorithmes informatiques peuvent être des alliés précieux pour agréger et corréler l’ensemble de ces données afin de donner aux administrations la visibilité dont elles ont besoin pour optimiser leur usage de la technologie.
Les algorithmes peuvent donner aux administrations la visibilité dont elles ont besoin pour optimiser leur usage de la technologie.
Les équipes du MIT travaillent par exemple sur une approche baptisée PAIA (Product Attribute to Impact Algorithm). « La quantification de l’empreinte énergétique et carbone d’un produit est une tâche chronophage et demande des ressources importantes, et les résultats sont souvent incertains, note le MIT. PAIA cartographie les attributs importants d’un produit et les corrèle à des activités, telles que les processus de fabrication ou le transport. »
Pour un disque dur par exemple, le modèle va prend en compte la quantité d’aluminium contenue dans le disque, mais aussi le processus de fabrication de cet aluminium, pour calculer l’impact associé à ces processus. Des modèles similaires sont construits pour les matériaux et les processus les plus courants et sont ensuite intégrés dans un algorithme englobant l’ensemble de la famille de produits. Le produit final permet aux utilisateurs d’obtenir une estimation raisonnable de l’impact environnemental.
« L’industrie doit être capable de mesurer facilement et précisément les progrès et de comprendre clairement son empreinte, et le CTO peut défendre l’importance de cela, en dirigeant la collaboration et en encourageant l’adoption d’une nouvelle approche cohérente « , souligne Jennifer Huffstetler, Chief Product Sustainability Officer, VP & GM Future Platform Strategy & Sustainability chez Intel.1
Augmenter la durée de vie… ou l’efficacité énergétique ?
L’IA peut aussi être utilisée pour mesurer en temps réel la consommation énergétique d’un système ou même descendre jusqu’au niveau applicatif. « Bien qu’il existe de nombreuses idées formidables pour améliorer l’efficacité, les solutions les plus simples sont souvent les plus efficaces, rappelle Brent Collins. Par exemple, les serveurs zombis consomment continuellement de l’énergie et des ressources sans accomplir de tâches utiles, il suffit donc de les éteindre. » 1
Le remplacement de plusieurs équipements anciens par des solutions récentes moins nombreuses peut parfois présenter un bénéfice énergétique.
La connaissance précise de l’impact environnemental d’un équipement informatique à chaque étape de son cycle de vie peut permettre aux administrations de faire les bons choix technologiques entre par exemple un allongement de la durée d’utilisation en interne ou une modernisation couplée à une stratégie de réemploi. « Il faut être pragmatique et chercher des solutions réalistes.
Par exemple, il peut être plus judicieux d’investir dans de nouvelles technologies durables plutôt que d’essayer de faire fonctionner de vieux équipements de manière différente de ce qu’ils étaient prévus », continue Brent Collins. On sait aujourd’hui que l’impact le plus important d’un appareil vient de sa fabrication. Mais le remplacement de plusieurs équipements anciens et énergivores par des solutions récentes et économes moins nombreuses peut parfois présenter un bénéfice énergétique.
Aucune de ces décisions ne peut être prise à l’aveugle. L’IA va rapidement devenir un allié indispensable pour quiconque souhaite comprendre l’impact réel de ses choix technologiques. « En tant qu’industrie, nous devons soutenir les organisations pour qu’elles obtiennent les données dont elles ont besoin pour évaluer et attribuer une valeur aux produits technologiques conçus pour la circularité. Je suis enthousiaste quant aux développements dans notre industrie, en utilisant des analyses avancées pour quantifier la performance de l’équipement, la consommation d’énergie, la durée de vie et la circularité potentielle dans les environnements critiques », explique Emily Martin, Vice-Présidente Exécutive de Converge Technology Solutions. 1
Gagner sur les deux tableaux : numérisation et durabilité
Les données issues de la technologie existante, ainsi que de l’ensemble de l’organisation de manière plus générale, peuvent fournir des informations puissantes qui aident les DSI des administrations à hiérarchiser l’efficacité énergétique en plus des performances. Plus de la moitié des dirigeants informatiques supérieurs estiment que l’optimisation de leur technologie existante est l’un des trois facteurs les plus importants pour réussir à atteindre un bilan carbone neutre.
D’un point de vue technologique, la mise en œuvre de l’optimisation axée sur les données et l’intelligence artificielle, à mesure que les besoins continuent de croître, peut augmenter la durée de vie de la technologie et les cycles d’achat.
Les informations tirées des données peuvent aider les acteurs publics à comprendre où investir pour gagner sur les deux tableaux : numérisation et durabilité.
1 “The Sustainable CTO – The Road to Tech Positive”, Intel, 2023.